Aller au contenu principal
Enquête

Déni VIH/Sida : que devient Sherille des mois après sa prise en charge ?

Image659

VOUS vous rappelez cette jeune femme apparue sur une vidéo devenue virale sur Facebook en janvier dernier ? Elle était alors l'ombre d'elle-même, presque mourante. Ses enfants autour d'elle semblaient égarés. A-t-elle survécu à son état ? Que sont devenus ses enfants ? Les reporters de L'Union ont voulu prendre de leurs nouvelles.

 

SHERILLE est couchée sur son lit. Le même que sur la vidéo parue sur les réseaux sociaux en janvier 2023. Cette fois, une paire de draps orange le recouvre. Elle a repris des forces. Elle s’assoit toute seule, elle mange toute seule aussi. Elle prépare même ses repas. C’est désormais son corps, affaibli par la maladie, qui peine à la porter. Mais c'est normal, elle a perdu beaucoup de masse corporelle.

Sinon, dans l’ensemble, elle va mieux. Elle n’est plus cette silhouette fluette que l’on peinait à distinguer et dont les quintes de toux interrompaient le propos à tout va. On découvre que Sherille habite dans la cour familiale au PK 11, à proximité de l'hôpital de Melen. C'est d'ici que tout est parti. C'est ici qu'elle a été filmée par des évangélistes venus prêcher la Bonne Nouvelle.

C'est aussi ici qu'elle a été récupérée par les équipes du Samu social qui ont enclenché sa prise en charge et, partant, le processus de son maintien parmi les vivants. Ainsi, après avoir été prise en charge successivement par le Samu social, l’hôpital de Melen et le Centre de traitement ambulatoire (CTA) de Libreville, qui pour les besoins de la cause, l'a hospitalisée, elle a regagné son domicile. Sauf que la chaîne de solidarité qui s’était constituée autour d’elle s’est amenuisée. Elle a les problèmes d'eau, de nourriture… Mais quelques rares personnes continuent de lui venir en aide.

'' Certains m’apportent de l’eau…'' Pourtant, il faut maintenir cette solidarité agissante autour de la jeune femme qui semble certes sur pied mais à qui il faut beaucoup d'apports nutritifs pour retrouver ses pleins moyens physiques. Mais quelle est concrètement l'histoire de la jeune femme ? Sherille, Marie-Louise Okome Mezogho, de sa véritable identité, est en fait porteuse du VIH et l’exemple typique d’un déni de la maladie. Son oncle, Gervais, raconte qu'à la découverte de son statut, certains dans l’entourage de la jeune femme, notamment ses amis, ne l'ont pas véritablement aidée. Toute attitude qui a grandement contribué à la dégradation de son état de santé. ''Ses amis lui ont rempli la tête d’informations selon lesquelles elle était victime de sorcellerie de la part de la famille'', se désole l'oncle. Sherille va alors abandonner son traitement.

Convaincue qu’on lui a lancé un mauvais sort par voie mystique, elle va prendre le chemin des charlatans, disons des "nganga", quitter le domicile familial et emménager chez une copine, elle aussi porteuse de la maladie. Sauf que l’amie va décéder presque sous les yeux de la jeune femme, provoquant chez elle un autre traumatisme. Le départ de son rempart, de sa complice va créer en elle un choc… Ce choc va accélérer la chute de son état de santé. Sherille, sachant son heure proche, va déclarer forfait face à son combat et se laisser aller. Informés, ses parents iront la chercher pour la ramener à la maison. Mais l'atmosphère est faite de suspicion. Ne sachant quoi faire, ils étaient préparés au pire. Ce sera donc un presque soulagement pour la famille de voir la cause de Sherille porter sur les réseaux sociaux et la solidarité nationale s'activer autour d'elle.

''Nous n'attendions plus que sa fin, impuissants que nous étions à lui faire entendre raison'', relate encore l'oncle. Maintenant, ils attendent que la jeune femme retrouve ses pleines capacités pour déployer quelques projets. Des projets auxquels pourraient s'associer des âmes de bonne volonté pour des solutions d'autonomisation de la jeune femme. Certes la route est encore longue. Rien n'est gagné ! Mais ici chacun espère que tout aille pour le mieux. Concernant les enfants de Sherille, ils sont toujours au Centre Arc-en-ciel pour la protection des enfants en difficulté sociale, sise dans la vallée Sainte-Marie. La mère et les enfants se parlent par vidéos. Les bambins vont bien. ''Nous n'attendions plus que sa fin, impuissants que nous étions à lui faire entendre raison''

Line R. ALOMO

Libreville/Gabon

random pub

Liberté
Logo