Plusieurs boulangeries sont actuellement en rupture d’approvisionnement de farine de blé, élément essentiel à la fabrication du pain. Une situation consécutive aux difficultés rencontrées par l’un des producteurs locaux, à savoir le Complexe agro-industriel du Gabon du groupe Foberd Gabon. Fort heureusement, le leader du marché, la SMAG, s’est dit disposé à combler le gap de son concurrent et couvrir entièrement le marché local.
DES files d’attente interminables devant les boulangeries, des supérettes prises d’assaut au petit matin, des épiceries des quartiers des boutiquiers généralement tenues par des ressortissantrs maliens, des revendeurs de rue, dans le désarroi… Le pain se fait à nouveau rare depuis une semaine, dans le Grand Libreville. Laissant, à nouveau planer, le spectre d’une pénurie à grande échelle. L’intensification du conflit russo-ukrainien a-t-elle commencé à réduire les stocks de blé au Gabon ? Les approvisionnements ont-ils été suspendus ? Les deux producteurs de farine que sont la Smag et Foberd Gabon n’ont-ils plus les liquidités nécessaires pour faire face à la hausse vertigineuse des cours ? L’État a-t-il, comme promis, débloqué la subvention pour soutenir et maintenir les commandes régulières des deux acteurs du marché ?
Autant de questions qui nécessitent des éclaircissements de la part des pouvoirs publics. D’autant plus que la rareté a donné place à la spéculation avec une baguette de pain qui se négocie au-delà de 125 francs dans certains endroits. D’après nos enquêtes menées auprès des deux producteurs locaux, la situation de tension que connaît actuellement le Grand Libreville serait consécutive à la rupture de stock de blé du Complexe agro-industriel du Gabon (CAIG). La filiale du groupe Foberd, spécialisée dans la production de farine de blé, de semoule de blé et d’aliments pour bétail. " Nous sommes effectivement en rupture de stock de blé. D’où la difficulté d’approvisionner nos partenaires locaux actuellement ", nous a laissé entendre un responsable de Foberd Gabon sans fournir d’autres explications. Cette situation inédite serait donc la cause de la rupture de pain dans les boulangeries sous contrat avec le Complexe agro-industriel du Gabon. Tandis que celles approvisionnées par le concurrent, en l’occurrence la Société meunière et avicole du Gabon (SMAG), seraient hors de danger. " Ces difficultés ne concernent pas les clients boulangers habituels et réguliers de la Smag.
En effet, malgré l’impact du conflit entre la Russie et l’Ukraine sur le marché international du blé, la Smag a continué de jouer son rôle et, au prix d’importants efforts financiers et logistiques, a alimenté normalement le marché et tous les clients qui ont toujours su lui faire confiance. Les carences rencontrées par certaines boulangeries, et le manque de pain y relatif, sont plutôt la conséquence d’un défaut, voire d’un arrêt des approvisionnements de farine de la part d’autres fournisseurs que la Smag ", a indiqué le directeur général de la Smag Bruno Lardit.
GARANTIES*Selon lui, l’entreprise, leader du marché avec 75 % de parts, dispose de suffisamment de stocks de blé pour couvrir l’intégralité du marché national, et procède même actuellement à un réajustement de ses prévisions de commande pour s’assurer de la disponibilité de la farine dans les semaines à venir. " Le but est de pouvoir combler rapidement les carences et défaillances des autres fournisseurs auprès des boulangeries éligibles qui en feraient la demande. Bien sûr, compte tenu des cours actuels du blé (le double par rapport à 2021), ce réajustement a un coût très conséquent et ne peut se faire que si le gouvernement met très rapidement en place les mécanismes qu’il a annoncés dans la Loi de finances rectificative 2 022 pour le soutien du prix de la farine et du pain ", a souligné Bruno Lardit.
Maxime Serge MIHIINDOU
Libreville/Gabon