A Makokou, vendredi dernier, le lancement de la campagne présidentielle a été éclipsé par le mouvement d'humeur des femmes de cette localité. Depuis lundi, ces mères et jeunes mères portant pour certaines des bébés au dos ou sur leurs poitrines, manifestent pour exiger une juste répartition des deux milliards de francs d'aide à la création des activités génératrices de revenus (AGR), annoncés par le président de la République lors de sa dernière tournée républicaine dans la province.
Les manifestantes posent également la problématique des filles-mères économiquement faibles. De même qu'elles interpellent les gouvernants sur la délicate question des indemnisations non encore perçues par plusieurs centaines d'elles, à l'échelle provinciale, suite à la destruction de leurs plantations par les éléphants, "aujourd'hui plus protégés que les humains".
Des dossiers du reste bien connus des autorités compétentes mais dont le règlement n'aurait concerné à ce jour qu'une minorité. Face donc à l'absence d'un interlocuteur crédible à leurs yeux, ces femmes ont barricadé quasiment toutes les voies reliant les différents quartiers. Rendant ainsi impossible l'accès à tout véhicule. Le comble de cette situation était visible à la descente du pont sur l'Ivindo où, malgré la petite pluie qui a arrosé la commune en ce premier jour de campagne, plusieurs dizaines de manifestantes dansant et entonnant des chants vouant au mépris public la gouverneure Christiane Leckat, demeuraient imperturbables. Plusieurs dizaines de véhicules disposés en file indienne et voulant se rendre à Mekambo, dans le Haut-Ogooue ou à Libreville, s'y trouvaient encore jusqu'à 18 heures avec leurs passagers.
A Makokou, où aucune affiche des candidats à la présidentielle n'était toujours pas visible jusqu'en soirée, le moment n'était donc pas propice pour parler de campagne électorale ni quelque chose de ce genre. Ici, les femmes disaient désormais tout attendre de Libreville pour donner des réponses claires, nettes et précises à leurs revendications. Tant elles ne semblent plus accorder le moindre crédit à la gouverneure dont elles réclament d'ailleurs la tête pour offense supposée à leur endroit.
Olivier NDEMBI
Makokou/Gabon