ELLES l’affirmaient déjà dimanche soir : "Tentes ou pas tentes. Chaises ou pas chaises, nous resterons là". Et c’est bien ce qui se passe au Port Môle ce lundi 20 mars. Le "sit-in" des familles des disparus du "Esther Miracle" se poursuit. Les recueillements aussi. Même la solidarité nationale avec ses packs d'eau minérale, ses boîtes de sardines et de lait, ses pains, semble avoir connu un nouveau sursaut. Pas comme aux premiers jours, mais elle est à nouveau active. Sans oublier le retour de quelques chaises qui, dimanche, n'étaient plus là.
On est donc dans le train-train des premiers jours pour ces nombreuses familles attendant toujours les dépouilles des leurs. Mais, ce matin, une dame en civil qui s'est présentée comme une haute gradée du Port Môle a averti les familles "de bon cœur", qu'elles seront sommées de quitter "leur camp" pour la Croix-Rouge, renseignent les familles. "Notre porte-parole a été faire un tour au siège de la Croix-Rouge et la Croix-Rouge a répondu ne pas disposer d'espace pour nous accueillir." Aussi le message reste-t-il inchangé : pas de corps, pas de départ des familles du Port Môle. "C'est ici que j'ai embarqué mes enfants. C'est ici que je leur ai dit au revoir. C’est aussi ici que s’est passé le drame. C'est ici que je les attends, que j'attends leurs dépouilles", tient mordicus Bertille, reprise en chœur par d'autres femmes elles aussi en attente des corps de leurs parents.
Si d'aucuns avaient caressé quelque espoir de revoir leurs parents dans les corps découverts flottant dans les eaux frontalières du Nigeria, du Cameroun et de la Guinée équatoriale, l'information officielle atteste qu'ils ne sont pas gabonais (lire par ailleurs). L'attente continue donc avec une mobilisation familiale qui ne faiblit pas ! Elle semble même renforcée par on ne sait quelle force invisible. Voilà qui indique que ce ''camp'' est parti pour durer. Et bien malin qui pourra désormais spéculer sur sa fin. Pendant ce temps, les familles attendent toujours du gouvernement la conduite à tenir par rapport aux corps déjà repêchés et identifiés. ''Ce sont eux qui nous diront quoi et comment faire'', partage le porte-parole du collectif des famille.
Line R. ALOMO
Libreville/Gabon