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Société & Culture

Covid-19 : Les artistes gabonais se meurent !

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À bout de souffle du fait d'une crise sanitaire sans réel horizon, démotivés par l'absence d'ouverture et se sentant surtout laissés-pour-compte par les pouvoirs publics, les créateurs des œuvres de l'esprit avouent de plus en plus broyer du noir.

QUE reste-t-il de nos artistes à l’ère du Covid-19 ? Plus de 16 mois après le début de la crise sanitaire due au coronavirus, rien ne semble s'éclaircir à l'horizon pour les créateurs des œuvres de l'esprit. À bout de souffle du fait d'une pandémie de coronavirus sans réels horizons, démotivés par l'absence d'ouverture et se sentant surtout laissés pour compte par les pouvoirs publics, les femmes et hommes de culture avouent de plus en plus broyer du noir.

Appauvris, inactifs et démunis : voilà à peu près comment se décrivent-ils en ce moment. Sans surprise, trois quarts d'entre eux ont subi au moins deux annulations d’événements : salons, rencontres, expositions collectives ou monographiques, etc. Autant d’occasions – manquées – de montrer leur travail, voire de le vendre.

Au four et au moulin au sein de son atelier, le styliste-modéliste Yezdad, par exemple, s'occupe, malgré tout, à travailler sur ses prochaines collections. L'arrivée de la pandémie lui avait, quelque peu, ouvert la voie d'une stratégie de mise sur le marché des masques de protection alternatifs. Lui permettant de trouver une bouée de sauvetage et de pouvoir tenir au cours de cette mauvaise période. Malheureusement, les choses ont tourné court.

"La vente des masques a marché juste les trois premiers mois du début du confinement. Après, avec la réouverture des frontières, tout le monde allait se les procurer vers d'autres destinations. Du coup, c'est le business qui a pris un coup, au point que plus rien ne fonctionne correctement en ce moment. Plus personne ne confectionne encore de masques. Si l'État avait, au moins, interdit l'arrivée des masques venant de l'extérieur, cela aurait pu nous soulager", confie-t-il.

À l'œuvre tous les jours devant ses tableaux, le peintre Patrick Louembet, lui, ne baisse pas pour autant les bras. Même si la situation a considérablement réduit son champ d'action et ses diverses opportunités. "Mais, au moins, on se bat avec les armes que l'on possède, on essaie de diversifier nos produits. Le reste, c'est Dieu qui fait", affirme-t-il.

Pour beaucoup, cette période de crise sanitaire a permis de peaufiner le travail, à l'exemple de Michel Ndaot, homme de théâtre, qui en a profité pour finaliser ses projets d'écriture, en vue d'un tournage prévu au courant du mois d'août.

Du côté de l'association des promoteurs de la danse urbaine, on a fait face au Covid-19 avec les moyens du bord. Sans soutien financier, a-t-elle pu organiser, il y a quelques mois, un mini-festival dans les rues de Libreville pour maintenir cet art dans les esprits, afin qu'il ne disparaisse pas. "Notre seul réconfort, c’est d’avoir gracieusement pu bénéficier de l’esplanade de l’Institut français de Libreville pour cet événement", se désole Jean Hussen Bikoro, co-organisateur du gala.

De son côté, Dominique Douma, comédien et écrivain, a dû se résoudre à l’écriture des pièces de théâtre et à celle d’un recueil de nouvelles à paraître prochainement. "Déjà avant le Covid-19, nos activités étaient au plus mal. Vous vous imaginez bien que ça devient bien plus compliqué. Je n’ai même plus le contrôle de ma troupe. Mais comme on dit, à quelque chose malheur est bon : mon passe-temps, c’est désormais la lecture et l’écriture", affirme-t-il, avouant, pour sa part, plutôt bien vivre son confinement.

On saisit, d'ailleurs, mieux l’extrême fragilité de cette population déjà précaire qui, outre la réouverture des lieux culturels, ne demande à juste titre que des changements structurels (vision politique, renforcement des droits d’auteur, rémunération plus juste, aide juridique, réforme des organismes sociaux…), afin que ceux-ci améliorent sensiblement leurs conditions de vie et de création.

Il y a donc urgence à agir.



Frédéric Serge LONG



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