Feymania associative, intermittence du spectacle politique, "kounabélisme"… La Toile a eu du mal à dissimuler sa colère cette semaine contre ceux qu'elle soupçonne de vouloir maintenir autour du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, une ambiance laudative.
Le premier à porter le fer a été Chamberland Moukouama, après que les images d'une immense foule accueillant le président de la Transition, de retour de Paris, ont été diffusées. Dans une vidéo visionnée plus de 30 000 fois, il dénonce les associations qui sont similaires à "des feymen" et se sont activées pour acclamer Oligui Nguema. "On reproduit les gestes du passé pour le détourner des vraies questions de l'heure. Ces mauvaises habitudes risquent de couper les Gabonais du président. Il faut que le CTRI réagisse ! ", a-t-il tonné. Car, selon lui, la Transition est presque en danger.
Comme Abraham, des internautes se demandent pourquoi cette débauche d'énergie et de moyens, notamment financiers, n'est pas mise dans d'autres domaines.
"Si les mêmes rassemblements associatifs s’activaient pour aider les mairies à traiter la question de l’insalubrité, des nettoyages de la ville au moins deux fois par mois, elles serviraient à quelque chose. À force de continuer dans cet élan, si le CTRI ne prend pas ses prédispositions à se concentrer sur l’objet de "ce Coup de libération" tout en se dissociant de toute forme de distraction, on risque de donner crédit à ACBBN. Car ces faits parleront contre eux."
Mais comme dans tout débat, il y a toujours au moins deux camps. Si le premier estime que ces regroupements nuisent à l'image de la Transition, le second n'y voit aucun mal.
Pour Guy Minko, tout ceci est plutôt le signe que les populations veulent marquer leur satisfaction et leur volonté d'accompagner le changement en cours. "Diantre, les militaires du CTRI ne sont pas des extraterrestres, ni des robots ! Ils sont humains comme nous. Voir les populations les applaudir, leur serrer la main est pour eux un signe d'encouragement. C'est la preuve qu'ils sont sur la bonne voie. Au Burkina Faso, au Niger, au Mali, il y a aussi des transitions militaires. Nous voyons des vidéos dans lesquelles les populations vont à la rencontre du chef de la Transition. Le mal est où ? ", a-t-il écrit sur Facebook.
Et comme personne n'est d'accord avec son voisin, le mieux, estiment de nombreux internautes, serait que le président de la Transition interdise ces rassemblements. En attendant d'y voir plus clair.
Serge A. MOUSSADJI
Libreville/Gabon