L’ATTENTE se poursuit au Port Môle ce 15 mars. Les familles y sont toujours nombreuses. Si le 14 mars au soir 15 corps ont pu être repêchés de l’épave du "Esther Miracle" désormais localisée au large des côtes gabonaises, il en reste encore autant. Alors la détermination des familles est intacte et inchangée. "S’ils ont pu sortir 15 corps, c’est qu’ils peuvent sortir les 16 manquants. Aujourd’hui, la pluie est une circonstance atténuante. Mais, dès demain nous entendons bien qu’ils nous donnent les suites. Nous lèverons le camp quand tous les nôtres seront là", estime avec détermination Bertille, toujours en attente des nouvelles de son fils aîné, de ses deux sœurs et de son neveu. Sauf que la pluie n'a pas arrêté les recherches qui se poursuivent, malgré tout, renseignent les équipes de la Croix-Rouge gabonaise.
Autre précision que nous donnent les familles, l'identification des corps n'est pas chose aisée. Le séjour dans l'eau des leurs a détérioré les signes de reconnaissance des uns et des autres. Mais certaines dépouilles, sur la base de quelques infimes détails, ont clairement été identifiées. L'attente continue donc et avec elle la solidarité plus que jamais manifeste des Librevillois, de tous les Librevillois. On boit et mange à satiété. Des matelas ont même été mis à disposition pour ceux qui y passent la nuit sous des tentes agréablement aménagées.
Un feu de bois se consume tout à côté comme lors d'une veillée mortuaire ordinaire. Et de nombreux habitants du Grand Libreville passent ici leur nuit, priant et chantant des louanges pour soutenir les familles si durement éprouvées. Comme quoi, quand le peuple parle d'une même voix, il met une pression utile à l'État pour des actions concrètes. D'ailleurs, les trois jours de deuil national décrétés par le président de la République s'achèvent aujourd'hui. Mais pour les familles et leurs proches, l'heure est toujours au recueillement.
Line R. ALOMO
Libreville/Gabon