Dans une récente interview accordée à nos confrères d'Afrik vision Médias, Pierre-Claver Maganga Moussavou, président du Parti social démocrate (PSD), invite à ne pas calquer la Constitution de 1991.
Car portant en elle les germes de l'exclusion. Autre récrimination formulée par le leader du PSD, le maintien de l'ordre établi dont le système de gouvernance, estime-t-il, est à bien des égards identique à ce qui se faisait sous l'ancien régime (L'Union d'hier).
Certes le message ne manque pas de pertinence, le messager, pour sa part, est tout sauf exempt de toute responsabilité. En effet, ce dernier vient une nouvelle fois d'étaler sa rhétorique admirable certes, mais dont la teneur est sujette à caution. Le "Bouvier de Moutassou" s'est arrogé l'initiative du projet de construction d'université sur le territoire national, entamé par le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Une attitude guère surprenante. Tant le personnage pense détenir la science infuse ou presque.
L'ancien vice-président de la République, sous le magistère d'Ali Bongo Ondimba, est allé jusqu'à reconnaître les victoires de Paul Mba Abessole, Pierre Mamboundou, André Mba Obame, Jean Ping et Albert Ondo Ossa (Ndlr : respectivement lors des présidentielles de 1993, 1998, 2009, 2016 et 2023) sans toutefois qu'ils n'exercent le pouvoir. Avant de reconnaître, de façon à peine voilée, que le système politique à la tête du pays depuis plus de cinq décennies demeure bel et bien en place.
Surprenant de la part de l'ancien ministre d'Etat (sous Omar Bongo Ondimba) et ancien vice-président de la République (sous Ali Bongo Ondimba) ayant contribué au maintien dudit système qu'il dénonce ! À moins que la tête de file du PSD ne soit soudainement frappée d'amnésie partielle, Maganga Moussavou est présenté à tort ou à raison comme un prestidigitateur politique au positionnement brumeux.
Un coup dans l'opposition, mais très souvent dans la majorité pour défendre ses intérêts cryptopersonnels. Point d'orgue de ses sempiternels revirements, sa reconnaissance de la victoire de Jean Ping en 2016 avant de tourner casaque en faveur d'Ali Bongo Ondimba. Un énième tour de passe-passe qui lui aura permis d'accéder au poste de vice-président de la République. S'ensuivra son "mensonge d'État" inhérent à la capacité du président déchu à demeurer au pouvoir, lors de son déplacement au Maroc aux côtes d'autres personnalités.
Un épisode que les observateurs avisés du landerneau politique n'ont pas oublié, n'en déplaise à Pierre-Claver Maganga Moussavou.
Yannick Franz IGOHO
Libreville/Gabon