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Société & Culture

Épidémies : Agir ensemble pour prévenir les potentielles épidémies de zoonoses par la surveillance à base communautaire

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Par Projet SWM Gabon


Le 13 février 2023, la Guinée Equatoriale a déclaré la présence sur son territoire d’une épidémie de fièvre hémorragique à virus Marburg, suite à la confirmation d’un cas, dans une région située à la frontière nord du Gabon, après une alerte lancée par les autorités médicales dès le 7 février.

Selon les connaissances scientifiques actuelles, la maladie à virus Marburg est initialement transmise à l’Homme à partir d’un contact avec les animaux sauvages, notamment les chauve-souris, avant de se transmettre d’humain à humain. La maladie est d’une gravité extrême, occasionnant le décès dans 88% des cas en moyenne. Selon les informations disponibles sur le foyer actuel, 16 cas cliniques ont été identifiés, dont neuf (09) sont décédés (https://www.afro.who.int/countries/equatorial-guinea/news/equatorial-guinea-confirms-first-ever-marburg-virus-disease-outbreak). Suite à l’alerte, les autorités gabonaises prennent toutes les mesures nécessaires pour protéger la population de cette maladie. Ce nouveau foyer de fièvre hémorragique vient nous rappeler les menaces potentielles et récurrentes que font peser les maladies d’origine animale sur les populations en Afrique centrale.

Les fièvres hémorragiques virales, qui comptent aussi la maladie à virus Ebola, la fièvre de la vallée du Rift et la fièvre de Crimée-Congo, sont d’autant plus difficiles à anticiper et à prévenir qu’elles circulent sans signes apparents dans les populations d’animaux sauvages ou domestiques, et au mépris des frontières. Selon le Dr Gael Maganga, chercheur en virologie au Centre Interdisciplinaire de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF), « la détection précoce des agents pathogènes responsables de ces maladies chez les animaux ou chez les humains infectés initialement par contact avec ces animaux, constitue un enjeu de taille et une responsabilité collective pour les Etats de la sous-région”.

Le Programme de Gestion Durable de la Faune Sauvage (en anglais Sustainable Wildlife Management - SWM - Programme), le CIRMF ainsi que l’Institut de Recherche en Ecologie Tropicale (IRET), un des leaders sur les questions d’écologie des maladies, tentent de relever ce défi au Gabon par des méthodes innovantes basées sur l’approche Une Seule santé.

Cette approche repose sur l’idée que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Elle promeut une plus grande coopération entre écologues/zoologues, microbiologistes et spécialistes de la santé publique animale et humaine notamment, pour aider à mieux relever les défis sanitaires et leurs impacts sociaux et économiques.

En pratique, le CIRMF développe ainsi un système de surveillance épidémiologique novateur dans la province de l’Ogooué-Lolo, basé sur l’observation précoce de signes de maladies par les communautés vivant de la chasse. Ce système vise à connecter les observateurs en première ligne que sont les chasseurs et les personnes qui manipulent et consomment du gibier dans les villages, avec le CIRMF via les administrations déconcentrées concernées, de manière à ce que ceux-ci puisse mener ensuite le plus rapidement possible les investigations sur les cas suspects constatés. En parallèle l’IRET réalise des prélèvements sur les gibiers ramenés par des chasseurs opérant dans la même zone ainsi que des actions de formation et sensibilisation auprès de ces derniers.

Selon le Dr Boris Makanga, chercheur en parasitologie et coordinateur de l’équipe pluridisciplinaire (virologues, parasitologues et bactériologistes) de l’IRET, « les analyses sur ces prélèvements permettront d’identifier les agents pathogènes présents dans la faune chassée et les risques qu’ils pourraient poser pour la santé humaine ». Ces activités impliquent activement les communautés partenaires organisées en associations de chasseurs, notamment dans les investigations, mais aussi dans l’élaboration du protocole de surveillance afin que celui-ci soit le mieux adapté aux contraintes opérationnelles locales.

Selon le Dr Alexis Delabouglise, chercheur en économie de la santé au CIRAD, « les chasseurs se disent prêts à collaborer avec les autorités médicales, mais généralement manquent de connaissances sur les risques sanitaires associés à leur activité ». C’est pourquoi il insiste sur l’importance du « dialogue permanent avec les communautés partenaires qui permet une sensibilisation et une information de proximité des ménages de chasseurs sur ces sujets ». L’expérience pilote menée dans le département de Mulundu a pour ambition d’identifier, organiser et développer les éléments opérationnels nécessaires pour construire un système de surveillance des zoonoses adapté au contexte du Gabon qui contribue au renforcement du dispositif national de surveillance épidémiologique.

Ce système de surveillance permettra d’identifier précocement les foyers d’épidémies issues de la faune sauvage, de prévenir leur transmission aux populations humaines, voire animales, et d’accélérer et de faciliter, le cas échéant, la réponse des autorités sanitaires pour protéger les populations de ces maladies.

Le SWM Programme, qui soutient ces activités, est une initiative globale de l’Organisation des Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP), financée par l’Union Européenne, pilotée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et mise en œuvre au Gabon sous la coordination du Centre International de Recherche en Agriculture pour le Développement (Cirad) et la tutelle du Ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, Chargé du Plan Climat et du Plan d’Affectation des Terres.

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