La recherche scientifique est un outil majeur pour l’aide à la décision. C’est pourquoi s’est tenue à Paris, en France, les 2 et 3 novembre derniers, la première édition du symposium "Forêts et éléphants", co-organisé par le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) de Paris et l'Agence Nationale des Parcs Nationaux du Gabon (ANPN). Durant deux jours d’échanges et de partage d’expériences, les scientifiques ont présenté leurs travaux sur l’écologie de l’éléphant, mais aussi ses liens avec les forêts et les humains.
L’objectif de ce symposium était de faire un état des lieux des connaissances scientifiques, des nouvelles techniques permettant de mieux suivre et comprendre les éléphants et les forêts tropicales, mais aussi d’intégrer différentes disciplines, telles que l’écologie, la biologie de la conservation ou les sciences sociales et humaines.
Grâce à un format hybride et bilingue, le symposium « Forêt et Eléphants » a réuni plus de 70 personnes en présentiel et 120 personnes en ligne, provenant de plus de 13 pays différents, atteignant ainsi son objectif de mettre en lumière une espèce clé pour le fonctionnement des écosystèmes forestiers du bassin du Congo. Le Gabon, qui abrite environ 70 % des éléphants de forêt, a été particulièrement bien représenté au cours de ce symposium, à travers la présentation des travaux de recherche de l’ANPN, du Centre national pour la recherche scientifique et technique (CENAREST) et de leurs partenaires.
Le symposium a été ouvert par le Pr Alfred Ngomanda, Commissaire général du CENAREST, le Dr Marie Sigaud, du MNHN et le Pr Stephan Ntie, Conseiller scientifique de l’ANPN. Un film a été projeté afin de présenter le programme de recherche sur les éléphants développé par l’ANPN, qui déploie notamment des colliers GPS, des pièges photographiques et des tests génétiques pour étudier cette espèce. Les travaux scientifiques ont montré que l'éléphant de forêt est étroitement lié à l'écosystème forestier, mais aussi aux populations humaines avec qui il cohabite. Toutefois, cette espèce est classée en « danger critique d’extinction ».
« Les menaces persistent, qu’il s’agisse du braconnage pour le trafic de l’ivoire ou de la réduction de l’habitat due à la déforestation. Le conflit entre l’homme et l’éléphant constitue également une menace pour l’avenir de toutes les espèces d’éléphants », a rappelé Stéphanie Bourgeois de la Cellule scientifique de l’ANPN. « Des efforts significatifs ont été entrepris pour mieux comprendre le conflit entre homme et éléphant. Des solutions reposant sur la mise en place de barrières électriques, la gestion collective du conflit, l’aménagement du territoire, l’éducation ou les savoirs endogènes ont été mises en œuvre avec certains succès, mais il reste beaucoup à explorer dans ce domaine complexe pour trouver de nouvelles voies de coexistence dans un monde affecté par les activités humaines ».
Ce symposium positionne une nouvelle fois le Gabon en leader de la conservation de cette espèce phare. Pendant les discussions, l’accent a été mis sur l’importance de la prise en compte des peuples riverains des forêts tropicales, car la conservation de la biodiversité devrait être profitable à tous les acteurs de l’écosystème. Les échanges réalisés au cours de ces deux journées permettront de renforcer et développer des programmes de recherche multidisciplinaires, afin de mieux appréhender la coexistence entre grande faune, activités humaines et communautés locales.
Cette connaissance est indispensable pour guider les décisions de gestion et permettre une coexistence durable, pour l’avenir des générations futures.
G.M.N-N
Libreville/Gabon