La Commission nationale de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite (CNLCEI) a auditionné, hier dans ses locaux, deux ex-membres influents de la "young team", Cyriaque Mvouradjiami et Gisèle Yolande Mombo Koumba sur les faits de corruption, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Un rôle que la loi confère à cette institution, qui se charge juste de rassembler les preuves et les transmettre au procureur de la République. Ce ne sont pas des Gabonais ordinaires qui se sont présentés hier au siège de la Commission nationale de lutte contre la corruption et l'enrichissement illicite (CNLCEI).
Ce sont deux membres influents de la "Young team" incarcérés à la prison centrale de Libreville juste après le "Coup de libération" du 30 août 2023, pour des faits présumés de détournement de fonds et de blanchiment de capitaux. Il s'agit de Cyriaque Mvouradjiami, ancien sénateur et ancien directeur de cabinet politique d'Ali Bongo Ondimba et de Gisèle Yolande Mombo Koumba, ancienne directrice des affaires financières de la mairie de Libreville. Ces deux Gabonais sont passés devant les commissaires de la CNLCEI, après une demande d'extraction émise par l'institution au procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville qui sollicitait la présence des deux mis en cause pour leur audition sur les faits présumés de corruption, enrichissement illicite et blanchiment de capitaux. Un rôle que leur confère la loi numéro 042/2020 du 22 mars 2021, modifiant certaines dispositions de la loi numéro 003/2023 portant création, fonctionnement et organisation de la CNLCEI.
C'est donc peu après 10 heures et demie qu'un véhicule de la sécurité pénitentiaire est arrivé sur le parking arrière de l'institution. Ont pris place à son bord, les deux détenus sortis de leurs cellules de la prison centrale de Libreville pour être entendus. Première à fouler le sol, Gisèle Yolande Mombo Koumba, suivie de Cyriaque Mvouradjiami. Tous les deux ont le visage dissimulé sous des grands foulards.
L'ancien directeur de cabinet politique du président de la République porte une capuche qui laisse à peine entrevoir son visage, tandis que la toute puissante directrice des affaires financières de la mairie de Libreville porte une écharpe qui lui fait office de voile. Ils sont accompagnés des gardes de la Sécurité pénitentiaire qui les orientent au pas de course vers le grand bâtiment de la Commission. Lequel était sous haute surveillance des agents du Groupement d'intervention rapide (GIR) de la gendarmerie nationale. Les deux mis en cause sont ensuite conduits vers l'ascenseur. Direction le 6e étage, où ils sont d'abord admis dans une salle d'attente VIP. Avant d'être conduits devant les commissaires déjà installés dans la salle abritant d'ordinaire les réunions et autres auditions.
La séance était dirigée par Nestor Mbou, le président de la Commission. Ce dernier a d'emblée rappelé les trois missions assignées à la CNLCEI : la sensibilisation, la consultation et l'investigation. En sus de ce que l'institution n'a pas vocation à juger, d'autant qu'elle n'est pas une juridiction pénale. Et Nestor Mbou de déclarer : " Là, nous sommes dans le cadre de l'enquête. Les personnes extraites ce matin (ndlr) vont être auditionnées aujourd'hui et par la suite, relativement aux soupçons de corruption et d'enrichissement illicite et d'autres infractions annexes ou connexes à caractère financier. La mission de la commission va se limiter uniquement à entreprendre les investigations et rassembler les preuves. Une fois menée à terme, en fonction du résultat, la commission transmet le dossier au procureur de la République, qui lui est le maître des poursuites. Et c'est ce que prévoit la loi." Voilà qui est dit. À suivre…
Abel EYEGHE EKORE
Libreville/Gabon