Comme annoncé par le ministre d'Etat en charge de l'Intérieur, lundi, les responsables des structures politiques légalement reconnues ont commencé à recevoir des fonds au Trésor public. Cela dans le cadre de la subvention allouée par l'Etat. Laquelle n'avait plus été payée depuis 2017. LE moins que l'on puisse dire par rapport à la rencontre, mardi, entre le ministre d'Etat en charge de l'Intérieur, Lambert-Noël Matha, et les acteurs politiques toutes tendances confondues, est que le gouvernement a fait d'une pierre plusieurs coups. En effet, réunis essentiellement pour parler de la mise en place du bureau du Centre gabonais des élections (CGE), les échanges entre le membre du gouvernement et ses hôtes ont débordé sur plusieurs autres sujets. Parmi ceux-ci, le financement des partis politiques.
On sait que l'Etat alloue chaque année une subvention destinée au financement des partis politiques légalement reconnus. Mais la distribution de ces fonds publics, répondent à des critères bien définis par la loi sur les partis politiques. Il est par exemple retenu que la repartition de cette manne se fait au prorata du nombre d'élus (nationaux et locaux)... Si le sujet s'est invité à l'ordre du jour de la rencontre de lundi à Arambo, c'est surtout parce que depuis 2017 cette subvention n'a plus été versée aux ayants-droit.
Ce que certains leaders des partis politiques ont considéré, à tort ou à raison, comme étant un manque de respect de la part du gouvernement. "Vous nous envoyez aux élections, sans nous respecter", a par exemple déploré le président du Parti social démocrate (PSD), Pierre-Claver Maganga Moussavou... Il n'en fallait pas plus pour que le ministre d'Etat Matha annonce : "Dans moins de 24 heures, vous serez destinataires des mandats du Trésor...". Allusion faite à la fameuse subvention tant attendue depuis sept (7) ans. Seulement, il ne s'agira pas d'un rappel de tout ce temps passé sans la toucher.
L'Etat connaissant des tensions de trésorerie, l'Exécutif a donc décidé d'allouer une somme forfaitaire. Dès lors, il reste donc à définir les modalités et autres critères de répartition. Dans ce sens, plusieurs questions se sont posées : qui en sont les bénéficiaires ? Quelle est la clé de répartition ? Le partage se fera-t-il au prorata du nombre d'élus (nationaux et locaux) comme le veut la loi ?
A ce niveau, le gouvernement aurait choisi d'inclure tous les partis politiques légalement reconnus, faisant ainsi fi des dispositions légales. Certaines indiscrétions revèlent que les partis les moins représentatifs, c'est-à-dire une large majorité des 101, devraient recevoir entre 5 et 10 millions de francs CFA. En considérant seulement ces données, on constate que l'Etat aura déboursé au moins 505 millions de nos francs. Les autres partis politiques devraient être traités en fonction de leur poids électoral (nombre d'élus au niveau local et national).
Même si le montant global n'a pas été dévoilé, d'aucuns estiment qu'il ne serait pas étonnant que l'on avoisinne le milliard de francs CFA, à défaut de le dépasser. Voilà qui est de nature à susciter des grincements de dents dans l'opinion. Quand on sait que autant d'efforts du contribuable sont dilapidés au profit des partis politiques dont certains ne répondent même pas aux critères légaux d'existence : avoir un siège, un compte bancaire, tenir régulièrement des Congrès, etc... (lire ci-contre). On peut affirmer que sur 101 partis légalement reconnus aujourd'hui, près de 90 ne répondent pas à ces critères.
ONDOUBA'NTSIBAH
Libreville/Gabon