Lancée il y a plus d’un an au Centre hospitalier universitaire mère-enfant, Fondation Jeanne-Ebori (CHUMEFJE), la procréation médicale assistée (PMA) est à l’heure de son premier bilan. En cinq sessions, ce sont 23 familles qui ont déjà savouré la joie d'enfanter. Lors d'un exposé qu'il a animé hier au CHUMEFJE, le Pr Jean-François Meye a dressé un état des lieux de cette nouvelle pratique médicale au Gabon. MISE en place par le gouvernement pour apporter une solution à la question de l'infertilité au Gabon, la procréation médicale assistée (PMA) a su résister à de nombreux défis en un an.
En effet, c'est au sein du Centre hospitalier universitaire mère-enfant, Fondation Jeanne-Ebori (CHUMEFJE) qu'un laboratoire dédié à cette pratique a été installé. Technique de procréation dédiée aux couples ayant des difficultés à concevoir correctement, celle-ci a aujourd’hui fait le bonheur de nombreux foyers à travers le pays un an après. Si la création en 1979 du Centre interdisciplinaire de recherches médicales de Franceville (CIRMF) avait pour but de participer à l’amélioration de la Santé publique par celle de la fécondité, en 2001 les premières activités de la PMA dans un centre privé étaient classées sans suite. C'est en novembre 2021 lors d'une session test de la fécondité in vitro (FIV) gratuite pour les patientes, que les choses se précisent. Lors de son exposé, Jean-François Meye a indiqué à l'assistance que "les chances d’avoir un test de grossesse positif à ces stades embryonnaires précoce sont très faibles. Nous avons voulu tester également les transferts. Ce qui justifie ces transferts à des stades précoces."
Avant d'ajouter qu'en mars 2022, lors du début officiel de cette activité au sein de l’hôpital, "nous avons organisé 5 sessions. Nous avons réalisé 44 cycles de stimulation, nous avons réalisé 67 transferts d’embryon et obtenu 23 grossesses cliniques soit un pourcentage global de 34 %." Si l'équipe actuelle est composée d'un gynécologue, d'un biologiste, de trois techniciens biologistes, de deux sages-femmes et du personnel de soutien, celle-ci est encore confrontée à de nombreux défis. Il s'agit notamment de la fourniture en consommables, achat des milieux et autres consommables hors du Gabon, difficultés d'approvisionnement local des médicaments et rupture de stock. "Nous sommes confiants, car nous avons des résultats inespérés, la PMA marche très bien dans notre pays et le processus est assez dynamique. Aujourd'hui, faire cette pratique pour les couples qui ont des difficultés à procréer, coûte entre 2,7 millions de FCFA et 3,5 millions FCFA au Gabon. Et c'est le tarif le plus bas en Afrique", a poursuivi le coordonnateur du projet, Pr Jean-François Meye. De plus, en termes de difficultés, il y a le coût élevé de la PMA, qui lors de sa première année de mise en œuvre, a relevé que le pouvoir d'achat est faible chez la grande majorité des patients, d'autant qu'elle n'est pas couverte par l'assurance maladie.
Considérée comme la pratique médicale qui présente le plus grand taux d'échec, l'équipe en charge du projet s'est dite ouverte à l'idée de collaborer avec d'autres structures privées. De plus, celle-ci est appréciée du grand public. De quoi renouveler l'expérience.
Hans NDONG MEBALE
Libreville/Gabon