TOUCHER du doigt les réalités des inondations dont sont victimes, depuis plus d'une semaine les populations de Lambaréné, dont 23 quartiers sur les 24 sont toujours envahis par les eaux : c'est l'objet de notre descente sur les lieux le week-end écoulé. Occasion de mesurer avec les autorités locales, la nature et l'ampleur des dégâts causés par ces inondations. Et de suivre l'ensemble des projets en cours visant à trouver des sites de relogement temporaires et à procéder au recensement des personnes ou familles sinistrées. Les sinistrés disent ne pas savoir, pour le moment, à quel saint se vouer, mais avouent compter sur les promesses du gouvernement – relayées dans son communiqué daté du 17 novembre –, pour trouver des solutions à même de les soulager, un tant soit peu, dans leur malheur. Dans les deux arrondissements que compte la ville du “Grand Blanc”, de nombreux habitants ont déserté leurs domiciles. Ils craignent pour leur vie. Car en plus de l'eau et des risques d'électrocution, des reptiles sont surpris dans plusieurs demeures.
La plupart des sinistrés ont presque tout perdu : matelas, ventilateurs, fer à repasser, vêtements et même des documents importants. Chaque fois que le ciel gronde ou apparaissent des éclairs, l'inquiétude renaît aussitôt. Car à cause des pluies permanentes, l'eau de l'Ogooué a du mal à baisser. Conséquence, selon les experts ayant effectué le déplacement de Lambaréné, pour étudier les causes de ce désastre naturel, la situation n'est pas près de s'améliorer puisqu'à chaque pluie, le débit de l'Ogooué augmente. Au deuxième arrondissement, pour partir du quartier Evouang à Maniang situé non loin de l'usine de la société Siat qui produit l'huile “Cuisin'Or”, les riverains se déplacent désormais en pirogues. Un débarcadère a même été improvisé. Plusieurs embarcations de fortune y sont accostées. C'est le seul moyen pour se déplacer. Aller et sortir de Maniang vous coûte la somme de 200 F CFA. C'est à prendre ou à laisser. “Nous n'avons pas d'autre choix que d'emprunter ces embarcations de fortune comme mode de déplacement. Surtout, pour nous qui résidons à Maniang, un quartier de Lambaréné aujourd'hui dans l'eau comme bien d'autres de la ville. L'Ogooué est sorti de son lit et les eaux ont débordé au point d'envahir nos habitations. Pour le moment aucun véhicule ne peut s'y aventure”, a confié une riveraine rencontrée audit lieu d'embarquement.
ÉLECTRICITÉ • Le quartier Atsié, situé non loin de l'aéroport, a été privé de l'électricité pendant 3 jours. L'usine de la Société d'énergie et d'eau du Gabon (SEEG) implantée dans ledit segment administratif étant elle aussi envahie par l'eau, ses responsables avaient jugé mieux de suspendre son fonctionnement pour éviter le pire. Le temps que l'eau diminue. Au premier arrondissement, la route qui conduit à l'hôtel le Sofitel en venant du pont d'Adouma, aucune voiture ou transport en commun ne s'y aventure. Pour se rendre chez le boutiquier d'à côté, les riverains marchent dans l'eau. À moins d'emprunter l'incontournable mode de déplacement : la pirogue. Le quartier Lalala non plus n'est pas épargné. La centrale de la SEEG et l'usine de l'entreprise Bordamur sont inondées. Impossible de s'y rendre à pied. Au Centre-ville, non loin de la place des fêtes, quelques magasins, habitations et infrastructures n'ont pas été épargnés. Des 24 quartiers que compte Lambaréné, seul le quartier Château, situé sur une crête, est hors de “danger”. Dans les différents villages du département de l'Ogooué et des Lacs ainsi que dans le district d'Aschouka, le constat est alarmant. Que des maisons noyées, des villages entiers engloutis ! Cela est visible entre le village Adolé et Lambaréné. Et certains autres bleds du canton Lacs du nord.
SUIVI• Autre conséquence de ces inondations, la carpe, symbole local, est devenue rare au débarcadère. Au grand dam de ses nombreux consommateurs. Par contre, les essenceries n'ont pas été touchées. Encore moins les grands commerces situés le long de la rue principale du très populaire quartier Isaac. Disons que cet état de fait n'est pas le premier du genre dans la ville du "Grand Blanc" et dans le Moyen-Ogooué. En 2019, se souvient-on, cette province avait connu pareille infortune. En attendant les réponses appropriées du gouvernement, un Comité de crise constitué des autorités locales, a été mis en place. Et multiplie les descentes sur le terrain pour recenser les familles sinistrées, pour la plupart du 3e âge.
Christian Germain KOUIGA
Lambaréné/Gabon