SI dimanche encore, l'on était à 26 noms recensés. Hier, il était question de 34 portés disparus inscrits sur le mur consacré à cet effet. A-t-on ainsi atteint le quota des disparus du "Esther Miracle" ? Seules les familles peuvent répondre à cette question. D'autant que le manifeste de voyage a depuis longtemps montré ses limites. Les familles et leurs nombreux soutiens sont toujours là. Elles ne veulent rien lâcher. D'ailleurs, leur stratégie commence à porter des fruits. Elles ont rallié à leur cause tous les Librevillois et même au-delà. Elles ont mobilisé autour de leurs disparus, l’attention utile pour qu’on ne les oublie pas à leur triste sort. Elles ont désormais un interlocuteur.
Elles savent, peut-être pas en temps et en heure, mais elles savent où en sont les recherches. "Il y a désormais un représentant des familles qui sert de trait d’union entre l’administration et nous. La dernière information indique que l’on a localisé l’épave du bateau et que les recherches se poursuivent à l'intérieur et autour, pour sortir les corps éventuellement prisonniers. Il faut patienter'', renseigne Lydie. La fameuse attente est longue, insoutenable. "Mais nous n’avons pas le choix. On va rester là." Autour d’eux, une impressionnante chaîne de solidarité s'est formée. Et le Port Môle est devenu un lieu vivant où la prière est le maître-mot pour que les disparus reviennent à la maison. "Vivants ou morts, ils doivent revenir. C’est pour ça que nous sommes là pour qu’on les ramène tous. Je ne veux pas faire un deuil imaginaire", crie Bertille dont le fils aîné, les deux petites sœurs et le neveu sont portés disparus.
Pendant ce temps, les rescapés du "Esther Miracle", ses survivants, sous une tente au loin, se font recenser par la Marine marchande. Il y en a qui doivent rallier Port-Gentil, leur lieu de travail. Il y en a aussi qui ont perdu tous leurs documents d'identité et administratifs. Ces recensements entendent donc apporter des solutions à ces deux situations. Car envers et contre tout, la vie doit continuer.
Line R. ALOMO
Libreville/Gabon