• L'Union : M. Luc Nguema, le Gabon prend part à la 17e édition des Jeux paralympiques Paris-2024. Peut-on dire que tout soit prêt pour une participation optimale de nos ambassadeurs ?
– Luc Nguema : La préparation de nos athlètes s'est déroulée dans un cadre idéal pendant 15 jours. Nous osons espérer que ce temps, bien qu'il semble insuffisant, permettra à nos vaillants ambassadeurs d'offrir au peuple gabonais une participation honorable. De façon globale, nous pouvons dire que nous avons fait de notre mieux pour que tout se passe dans le meilleur des cas. Aussi, nous pouvons dire que nos vaillants ambassadeurs sont prêts à mouiller le maillot national.
En quinze jours, on ne peut combler toutes les lacunes chez un athlète...
Une mise au vert à Cesson-Sévigné pour 15 jours ne peut effectivement combler tous les manquements et lacunes en matière d'infrastructures, de matériels et d'encadrement. Une compétition paralympique se prépare durant 4 ans. Durant cette période, les athlètes doivent être dans les meilleures conditions d'une part, et participer aux compétitions de classification et de qualification organisées par le Comité paralympique international, d'autre part. Vu sous cet angle, nous pouvons affirmer sans langue de bois que 15 jours de préparation à Cesson-Sévigné ne sont pas suffisants pour compenser les manquements susmentionnés. Toutefois, il est à noter que 15 jours de préparation dans un cadre idéal constituent un acquis non négligeable dans la mesure où c'est la première fois que nos athlètes para-sport bénéficient d'un tel traitement grâce au don du président de la République dédié à cet effet mais aussi grâce à la convention signée par le Comité paralympique gabonais avec la mairie de Cesson-Sévigné, via la ville de Rennes.
Au fond, quel est l'objectif du Gabon durant ces Jeux ? L'objectif du Gabon dans cette compétition est de faire une participation honorable. Dans un premier temps, rechercher à battre les records ou les performances des Jeux paralympiques de Tokyo avant d'espérer avoir une médaille dans un second temps.
Le handisport n'est vraiment pas développé dans notre pays. Pourquoi participer aux Jeux ?
La question posée est d'une importance capitale. En effet, il nous permet de mettre au jour les difficultés rencontrées dans notre volonté de développer le para-sport. Il faut noter que le para-sport est organisé en comité, fédération et associations affiliées et en ligues provinciales. Nous sommes présents dans 6 provinces sur 9. Ce qui fait défaut, ce sont les moyens financiers. Le parasport est composé des personnes à mobilité réduite issues de la couche la plus défavorisée de notre pays. Comment peuvent-elles financer les activités si les gouvernants, pour ne parler que de l'Etat, ne s'impliquent pas à 100 % ? Les regards sociologiques ne sont pas favorables au développement de nos activités. Ainsi, les personnes physiques, encore moins morales ne veulent pas s'intéresser à ce que nous faisons. Mais encore ...L'argent étant le nerf de la guerre, et celui-ci faisant défaut dans notre mouvement paralympique, la culture du volontariat n'étant pas dans nos mœurs, nous sommes abandonnés à nous mêmes. Dans cette situation, pourquoi participer aux jeux paralympiques ? Il est à savoir que le Gabon est un pays souverain qui doit être représenté sur l'échiquier international. Dans tout organisme mondial, notre pays doit faire valoir ses droits, surtout qu'il promeut depuis un moment une politique axée sur l'égalité des chances. En dehors de ça, nous devons noter que le paralympisme prône l'inclusion, l'intégration, l'égalité des chances pour une vie meilleure de la personne vivant avec un handicap. Ainsi, ce n'est pas tant la médaille l'objectif premier, on peut ajouter la recherche du changement des mentalités, de paradigme vis-à-vis des regards sociologiques portés sur la personne handicapée.
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Entretien réalisé par Willy NDONG
Libreville/Gabon