ÈVE Maryse Bertille Mwanambatsi attend toujours de voir apparaître quatre de ses proches engloutis avec le "Esther Miracle". Parmi eux se trouvent son fils aîné Yann Cédric Charbel, âgé de 29 ans, ses deux sœurs de 33 et 32 ans et son neveu de 18 ans qui, tous, se rendaient aux obsèques de son père. Elle raconte les derniers échanges avec l’un d’eux au moment du drame.
“ CE mercredi 8 mars, cinq de mes proches allaient aux obsèques de mon père. Moi je devais les suivre le lendemain. Tard dans la nuit, ma petite sœur m'appelle de Port-Gentil et me dit qu'elle a reçu un appel des enfants qui parlent de problèmes techniques à bord du bateau. J'ai immédiatement appelé mon fils qui m'a dit qu'ils vivent les scènes du Titanic. Je l'ai d'abord pris pour une plaisanterie mais il y avait de l'agitation autour qui attestait de la véracité de ses propos. J'ai gardé mon calme et ai dit à chacun de mettre les gilets et les porter. J'ai dit à ma petite sœur, qui était avec eux, de les accompagner pour que tous portent convenablement les gilets. Quand j'ai rappelé mon fils, je l'ai entendu qui demandait à l'une de ses tantes de se ressaisir et qu'ils n'allaient pas mourir. Il lui disait de rester confiante et en prière. Quelque temps après, j'ai entendu les membres de l'équipage qui ont demandé aux passagers de descendre en soute. Ce que j'ai trouvé anormal. Si le bateau est penché, comme il le dit, c'est clair que l'eau est entrée. Vers 03 h 58, la communication s'est interrompue. J'ai su qu'il y avait déjà un problème.
"Je me suis rendue ici (Port môle), dès 4 heures du matin, mais il n'y avait personne sur les lieux"
"Quand on a repêché les survivants, ma petite sœur qui était avec eux m'a dit que les enfants avaient les gilets et que je ne devais pas m'inquiéter. Mais, elle a ajouté que lorsque le bateau a basculé ils se sont perdus de vue. Elle s'est retrouvée dans un box du bateau et ne les a plus vus. Dès que la conversation s'est interrompue avec eux, je me suis rendue ici (Port môle), dès 4 heures du matin, mais il n'y avait personne sur les lieux. C'est vers 8 heures que j'ai pu rencontrer une dame qui a d'ailleurs dit au gardien de ne pas répondre à mes questions. Plus tard, il y a un Monsieur qui a dit être directeur du Port Môle qui s’est adressé à nous sans donner vraiment des précisions sur le naufrage. C'est plus tard qu'on découvre que nos proches étaient véritablement en danger."
Rudy HOMBENET ANVINGUI
Libreville/Gabon