Agissant en complicité avec Marveen Nguema et Warren Ndoutoume Ndong, elle avait pour cible un opérateur économique libanais installé à Nzeng-Ayong.
Le chantage sexuel est un crime vieux comme le monde. Les technologies modernes ont aidé à son augmentation. Les cybercriminels volent de l’argent à leurs victimes de multiples façons. Ce crime, appelé sextorsion, fait de nombreuses victimes.
Il s'en est fallu de peu pour que A.M., opérateur économique libanais établi à Nzeng-Ayong, dans le sixième arrondissement de Libreville, ajoute son nom à la liste des victimes de cette pratique. Selon les sources judiciaires, en juin dernier, le Libanais tombe sous le charme d'Amissa Ada Angoué alias "Tendresse", Gabonaise de 28 ans, résidant aussi à Nzeng-Ayong, venue faire les courses dans son magasin. Il use alors de tous les procédés pour obtenir le numéro de téléphone de la cliente. Cela se fera sans grande difficulté, "Tendresse" ayant sans doute apprécié la démarche du charmeur.
Le contact établi, A.M. et Ada se téléphonent régulièrement. Le premier rendez-vous a lieu chez la jeune femme. Le 24 juin, celle-ci lui adresse un SMS dans lequel elle souhaite qu'il lui envoie les unités pour son compteur Edan parce qu'elle a passé la nuit sans lumière. Son amoureux la rassure : sa sollicitation sera satisfaite dans la journée. Mais il oublie de le faire, car occupé par son activité. Cela ne plaît pas à Ada.
Le 27 juin, Ada se rend à nouveau au magasin de son soupirant pour ses courses habituelles. Étonné par son attitude – elle passe sans lui adresser la parole – l'homme comprend la cause de ce comportement : la non-satisfaction de la promesse qu'il lui a faite la veille. Vers 16 heures, il lui téléphone pour exprimer son désir de la rencontrer. Après une saute d'humeur, Ada accepte. Rendrez-vous est pris pour 17 heures, chez elle.
Avant l'arrivée de son amoureux, elle prend attache avec Marveen Nguema (30 ans), un voisin du quartier, à qui elle remet son téléphone portable, lui précisant qu'il s'en servira pour filmer le Libanais en tenue d'Adam, et qu'ils se serviraient de cette vidéo pour le faire chanter.
Le plan mis en place, Nguema s'assoit chez un boutiquier en face du domicile d'Ada. À l'arrivée de A.M., celle-ci le conduit dans sa chambre. S'ensuit un court moment d'intimité fait de câlins. Quand arrive le moment de passer à l'acte sexuel, l'homme va prendre sa douche. Derrière, sa "chérie" introduit discrètement son complice dans une pièce de la maison, avant de repartir dans la chambre.
Quand A.M. sort de la douche, elle l'y remplace. Et quand elle en ressort, elle se rend au salon pour faire entrer Nguema. Allongé nu sur le lit et consommant une bière, le Libanais est surpris par la présence dans la pièce d'un individu qui se met à le filmer.
Après des supplications, il parvient à les persuader qu'il va coopérer s'ils arrêtent de le filmer. La somme de 1,5 million de francs exigée au départ est ramenée à 800 mille francs après négociation, puis les deux complices promettent de ne pas mettre la vidéo sur les réseaux sociaux.
Pour s'acquitter de sa dette, A.M. sollicite sa communauté, disant qu'il a été enlevé et que ses ravisseurs exigent 800 mille francs pour le libérer.
La rançon trouvée, un autre ressortissant libanais est chargé de la remettre aux bandits. Mais un de ses travailleurs le convainc de saisir la Police judiciaire. Il se range à cette idée et se fait donc accompagner par les flics au lieu du rendez-vous, non loin de la mairie de Nzeng-Ayong.
Guy-Romuald MABICKA
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